Pilule, implant, anneau, tous ces moyens de contraception sont accessibles en pharmacie, sur ordonnance. Autre point commun, leur utilisation, réservée à un public féminin. Dans les officines, le personnel remarque au quotidien ce déséquilibre entre les sexes.
Poussiéreux, recouvert de stickers et de tags, le distributeur de préservatifs, premier moyen d’accès à la contraception de la pharmacie du palais, à Valence, fait grise mine. Au point de douter sur son utilisation.
Plébiscité par seulement 15% des couples pour leur contraception, le préservatif se positionne loin derrière la pilule (33%) ou le DIU (25%), selon les derniers chiffres de Santé Publique France, datant de 2016.
Pour se protéger autrement d’une grossesse non désirée, c’est à l’intérieur que ça se passe. Étonnement, on retrouve encore des boîtes de préservatifs, cette fois-ci soigneusement alignées sur des étagères, à côté des tests de grossesse.
“Ce sont les seuls moyens de contraception en accès libre« , explique Annelyse, préparatrice en pharmacie. Pour les autres, l’ordonnance est de rigueur. “Après, quand nous recevons des clientes dans l’urgence, on peut parfois s’arranger, avec la carte vitale et l’historique du dossier médical”, reconnaît-elle.
“La plupart du temps, ils ne connaissent pas le nom de la pilule”
Un emploi naturel du féminin qui peut paraître anodin, mais qui trahit pourtant une certaine réalité. “Ce sont vraiment les femmes qui s’occupent de la contraception, constate la préparatrice, témoin direct du phénomène. On ne voit quasiment qu’elles”, poursuit-elle.
Derrière son comptoir, sa supérieure acquiesce en hochant la tête. “Des hommes viennent parfois, pour récupérer les pilules de leur compagne. Mais là encore, ils arrivent avec tous les papiers préparés par Madame au préalable et nous les tendent. La plupart du temps, ils ne connaissent même pas le nom de la pilule en question.”
Comme l’explique Annelyse, dans la pratique, comme pour tous les médicaments, “ce n’est pas forcément la personne qui les prend, qui vient les chercher”.
“Hormis les préservatifs, nous n’avons pas de contraception masculine”
Quelques rues plus loin, dans une autre officine du centre-ville, le constat est le même. “La pilule, le DIU, le patch, le stérilet, l’anneau, l’implant… Et les préservatifs. On a tous les moyens de contraception existants….”, énumère la pharmacienne, avant de se corriger : “Enfin, de contraception féminine. Hormis les préservatifs, nous n’avons pas de contraception masculine.”
“De toute façon, on en délivre que très rarement à des hommes, déclare-t-elle, le regard tourné vers les boîtes colorées, car il faut une ordonnance pour tout. Ordonnance prescrite à des femmes.”
La prise en charge de la contraception au quotidien est donc principalement supportée par les femmes. Pourtant, les deux professionnelles de la santé pointent dans le même temps un manque d’information sur le sujet. “De plus en plus, on voit des jeunes filles qui viennent chercher la pilule du lendemain, en pensant que c’est un moyen de contraception, déplorent-elles. Dans ce cas-là, on se retrouve à faire de la pédagogie. On renvoie vers le centre de santé jeunes ou le planning familial. Ces services-là existent depuis longtemps, mais les principales concernées ne le savent pas forcément.”
Une inégalité dans la charge contraceptive qui pourrait bientôt s’accroître, souligne Annelyse. “Depuis janvier 2022, la contraception est gratuite pour les femmes de moins de 25 ans.”
Un coût financier en moins, mais à quel prix ?