Il est le premier interlocuteur des hommes souhaitant avoir recours à une vasectomie.
Arnaud Pagès est urologue, au sein du centre médical Claude-Bernard, à Guilherand-
Granges. Entre opérations et consultations, immersion dans une de ses journées bien
remplies.
7 h 30 : Le jour vient à peine de se lever. La journée d’Arnaud Pagès, urologue, peut
commencer. Presque une grasse matinée pour le quinquagénaire. « Le lundi, j’attaque
normalement les opérations à 7 h 15. « Ce jeudi, il se rend à la clinique Pasteur. Celui qui est aussi
chirurgien arpente les couloirs. « Je vais faire le tour de mes patients, pour vérifier que tout est en
ordre. » Rien à signaler. Après quelques discussions, il est l’heure pour lui de traverser la rue et de
regagner le centre Claude-Bernard, où se situe son cabinet.
8 heures : Dans son espace de travail, partagé avec deux autres confrères, les rendez-vous de
consultation s’enchaînent. Quand il n’opère pas au bloc, Arnaud Pagès consacre quatre demi-journées
par semaine à cette activité. « Dans une matinée, je peux recevoir jusqu’à une vingtaine
de personnes. » Ses quatre premières patientes sont âgées de 21 à 78 ans. L’occasion de
contredire un cliché. « On ne soigne pas que les hommes. Les femmes aussi ont des problèmes
que nous devons prendre en compte. Des infections urinaires, des descentes d’organes, des
tumeurs… »
Prévenir des risques
11 h 30 : Sur l’écran plat du professionnel de santé, le visage de Nicolas s’affiche. C’est son
premier rendez-vous. « Depuis la crise du Covid, on propose les consultations en visioconférence. » Après trois enfants, le quadragénaire souhaite effectuer une vasectomie. « Pourquoi
voulez-vous réaliser cette opération ? » Une fois les questions d’usage complétées, l’urologue
avertit des risques possibles. « Ça pourrait ne pas être efficace, ou vous pourriez perdre une
testicule. Ça n’arrive quasiment jamais, mais je dois vous prévenir. » Pas de quoi perturber
Nicolas, bien renseigné. « Ma compagne ne supporte plus sa contraception habituelle, j’y ai bien
réfléchi. »
Le caractère définitif de la vasectomie est rappelé. « Sachez que vous pouvez demander à
congeler votre sperme avant la procédure. En cas de désir d’enfant ensuite, il faudra engager une
procédure de PMA. » Arnaud Pagès est référent de cette pratique. Et également le seul praticien
avec un diplôme d’andrologie en Drôme-Ardèche. « Dans ce cas là, on va retourner chercher les
spermatozoïdes à la source. C’est un procédé compliqué, d’où ma mise en garde. »
12 heures : La secrétaire médicale prend le relais, pour fournir à Nicolas la documentation
nécessaire. Dix pages, dont trois concernent l’autorisation à donner avant le début de l’intervention
chirurgicale. Le prochain rendez-vous est fixé dans quatre mois. « Il s’agit de la réglementation.
Nous sommes obligés de laisser un délai de réflexion au patient. Entre le premier contact et
l’opération finale, il s’écoule une moyenne de sept à huit mois. » Trois mois plus tard, un
spermogramme viendra vérifier l’efficacité de la vasectomie.
« Aujourd’hui, j’en fais trois par semaine »
13 heures : Le temps d’une brève pause, que l’après-midi est déjà là. Elle est consacrée à
l’administratif et au suivi des dossiers. « Je suis en libéral, donc comme un chef d’entreprise, j’ai
plein de paperasses à traiter. » Bien que la vasectomie ne représente qu’une petite partie de son
activité, Arnaud Pagès a vu le phénomène prendre de l’ampleur. « Je suis arrivé ici il y a 18 ans.
La première année, je n’ai opéré qu’une seule fois« , se souvient-il, fort de 23 ans de pratique.
« Maintenant, j’en fais trois par semaine. »
Dans le même temps, il constate une diminution de l’âge de ses patients. « L’autre jour, un jeune de 23 ans est venu me voir, raconte-t-il entre deux courriers. Quand ils n’ont jamais eu d’enfants, j’émets toujours une réserve. Ils viennent avec leurs certitudes, donc j’insiste sur le côté définitif. » L’opération est en effet irréversible. « Le “bon âge”, ça serait 40 ans, car au delà, leur compagne sont bientôt ménopausées. Dans un contexte de partage de la contraception cela est un peu tard. » Des patients parfois précoces, mais que salue tout de même l’urologue. « C’est bien qu’ils se prennent en charge. Dans neuf cas sur 10, ils viennent seuls et sont déjà renseignés. »
15 heures : Généralement, les vasectomies ont lieu le vendredi. Habitué, l’urologue
dédramatise. « En 10 minutes c’est fait. C’est une petite section des tuyaux, sous anesthésie, à
jeun. On ne reste qu’une journée à l’hôpital. » Deux ou trois jours plus tard, le patient peut
reprendre le travail. « Il n’y a pas d’impact sur la sexualité, il y a toujours une production de
sperme, mais sans spermatozoïdes. »
19 heures : Le soleil disparaît derrière les montagnes ardéchoises. Arnaud Pagès ferme les
portes de son cabinet. Pour quelques heures seulement, car demain, le bloc opératoire l’attend.