C’est une méthode contraceptive à part entière. Inspiré du slip chauffant, l’anneau contraceptif est le fruit de l’imagination de Maxime Labrit, infirmier. Retour sur la conception de l’Androswitch.
Il s’appelle Maxime Labrit. Grâce à son innovation, des centaines d’hommes ont pu prendre en charge leur contraception. Il a développé l’Androswitch, un anneau contraceptif.
“Ce n’est pas une potion magique non plus, sourit-il, modeste. Ça peut aider, mais on n’entend pas non plus révolutionner le monde de la contraception. L’idée c’était d’offrir plus de choix, d’explorer les possibilités et d’appréhender les alternatives.”
Maxime est infirmier de profession. “Être dans le domaine médical m’a beaucoup aidé. C’est comme ça que je m’y suis mis.” Car au départ, cette création répond à un besoin tout à fait personnel. “J’avais besoin rapidement d’une contraception dans mon couple.”
Maxime découvre le concept de contraception thermique “presque par hasard”, sur le site de l’Ardecom. “C’était vers 2016, 2017. À l’époque, il y avait peu de documentation sur le slip chauffant, ça m’a intrigué.”
Une longue phase de recherche
Il se rapproche alors de militants, du côté de Marseille. Mais se heurte à la technique. “Il aurait fallu que je couse mon slip moi-même, mais ce n’est pas forcément fiable si ce n’est pas bien réalisé. Et je ne me voyais pas me rendre chez une infirmière. »
Alors, Maxime finit par prendre les devants. “J’étais posé sur mon canapé, explique-t-il, naturellement. Je suis quelqu’un d’assez créatif. J’ai visualisé le slip chauffant. Au final, c’est juste un trou.” Armé de joints de plomberie, il fait ses premiers essais. “C’était très douloureux, mais mécaniquement, ça fonctionnait !”
S’ensuit une phase de recherche, entre dessins et développement de moules. “Il fallait quelque chose avec une fonction de maintien, tout en étant durable, hypoallergénique, adhérent et qui s’adapte à la peau.”
Passionné, il s’investit à la hauteur de ses convictions. “C’est un sujet hyper important, qui concerne absolument tout le monde. On est tous issus d’une procréation, parfois mal maîtrisée. »
Passion et dévouement
Un an plus tard, le premier prototype voit le jour. Les réseaux militants et l’Ardecom l’encourage à développer son idée. “Il a fallu une année pour penser à la commercialisation.”
Originellement commercialisés sur le site Thoreme, la vente des Androswitch est suspendue actuellement (lire par ailleurs).
Aujourd’hui, la vie de Maxime tourne autour de l’anneau. « J’aide et j’accompagne les gens, j’ai aussi quelques copains derrière, ça fait beaucoup pour une seule personne.” Dévoué, comme il le ferait avec ses amis. “J’aime bien aider les gens, chacun vient avec des sensibilités communes, ça crée une synergie.”
Une synergie également du côté professionnel. Dès que le sujet de la contraception masculine est abordé, le nom de Maxime Labrit revient systématiquement. Pour son projet de postiche testiculaire, Lucile Sauzet a beaucoup travaillé avec lui. “Dans le concept d’Androswitch, il y avait cette idée de reprendre le contrôle de son corps qui me plaisait beaucoup”, explique la jeune femme.
Seulement, comment montrer le fonctionnement de l’anneau autrement que sur un vrai sexe masculin ? Designer, elle conçoit alors un postiche résolvant le problème. “C’est un super outil pédagogique, qui permet d’accéder à l’information”, commente Maxime.
Cette diffusion des connaissances lui tient particulièrement à cœur. Sur les réseaux sociaux, son compte SlowContraception partage assidûment les projets autour de la contraception masculine.
Et avec l’explosion de livres, bande-dessinée, podcasts ou associations, il ne risque pas de tourner en rond.
L’Androswitch épinglé par l’ANSM
L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre. En décembre dernier, l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a suspendu la vente de l’Androswitch. La cause ? L’absence de marquage CE, indispensable à la commercialisation d’un produit. Une décision a effet immédiat pour les utilisateurs, appelés à en stopper l’usage. “L’obtention du label CE représente des années de travail et des centaines de milliers d’euros d’investissement, ce que nous n’avons pas, a réagi Thoreme. C’est uniquement pour des raisons financières que nous n’avons pas encore lancé d’essais à grande échelle, et nous y travaillons.”