La volonté ne suffit pas toujours pour adopter une contraception masculine, surtout en zone rurale. Éléonore et Bazile en ont fait l’expérience. Dans son parcours pour changer de moyen de contraception, le couple s’est plusieurs fois heurté à l’obstacle géographique. 

“Les personnes qui veulent se lancer dans l’aventure doivent être patientes. On ne pensait pas que ça serait aussi compliqué.” Comme plus d’un million de femmes depuis 10 ans, Éléonore 24 ans, a décidé d’arrêter la pilule.

Une décision prise il y a deux ans, qui marque le début d’un parcours du combattant aux côtés de son compagnon Bazile. Le couple décide de changer de moyen de contraception. 

« Heureusement qu’il y a Internet »

Dans un premier temps, faute de mieux, ils se tournent vers les préservatifs comme solution temporaire. “Cela nous embêtait un peu, car derrière, il y a un enjeu écologique qui nous tenait à cœur tous les deux”, confie Éléonore.

Parallèlement, son conjoint se lance dans des recherches sur la contraception masculine. “J’avais envisagé la méthode hormonale, mais finalement, on déplaçait le problème sur moi.” Habitant en zone rurale, à une heure et demie de Montpellier, ils regrettent le déséquilibre d’accès à l’information sur le sujet. “Heureusement qu’il y a Internet, sinon ça n’aurait pas été possible pour moi de me renseigner”, témoigne Bazile. 

Au fil de ses clics sur le net, les travaux du docteur Mieusset apparaissent alors comme une solution. Six longs mois d’attente plus tard, le jeune homme de 28 ans, qui vit dans l’Hérault, obtient un rendez-vous au CHU de Toulouse. Infructueux. “Après ce rendez-vous, on n’avait pas beaucoup avancé. Je me suis donc rapproché du planning familial.”

En 2021, le réseau associatif comptait 76 antennes départementales. Cependant, 23 départements en sont encore totalement dépourvus. À Montpellier, la section locale propose des réunions d’informations sur le sujet. “Ils m’ont orienté vers un groupe de gars qui confectionnaient des jocks-straps.” Tout comme l’anneau, le but de ce sous-vêtement artisanal est de remonter les testicules, afin d’éliminer les spermatozoïdes par la chaleur corporelle.

Chronophage et technique, l’option est rapidement écartée. “Je n’ai pas forcément de compétences en couture… Sans compter qu’il faut minimum un slip par jour, ce qui nécessitait d’en coudre plusieurs.” “Il aurait fallu s’adresser à une couturière, mais pas certain qu’elle accepte, complète Éléonore. Ce sont des patrons particuliers et de plus, il y a besoin de mesurer le pénis pour que ça soit adapté et efficace. Tout le monde n’est pas forcément à l’aise avec ça.” 

« C’est vraiment la galère »

Entre-temps, le couple fait la découverte de l’Androswitch. “Le test n’a pas forcément été concluant.” Bazile travaille sur des chantiers, en extérieur. “Il y a beaucoup de mouvements, je ne peux pas le remettre en place s’il bouge.” Au point de rendre l’anneau douloureux. “J’avais tellement mal le premier jour que j’ai dû l’enlever avant la fin de la journée.”

Pour être efficace, l’anneau nécessite un port 15 heures par jour. “Il suffit d’un oubli pour reprendre à zéro.” “Pour toute contraception, il y a un prix à payer. Aucune n’est à la fois juste, simple, totalement efficace et indolore”, résume Éléonore. 

Aujourd’hui, Bazile et elle espèrent des avancées médicales en la matière. “C’est vraiment la galère pour avoir accès à quelque chose, ça reste encore difficile, déplore le jeune homme. On s’organise avec ce qu’on a, sur notre temps libre.”

Une difficulté accentuée par leur situation géographique. “Les rencontres, les conférences ou les réunions sur le sujet ont lieu dans les grandes villes », poursuit sa compagne. « Ce n’est pas forcément à côté, il y a le travail, la fatigue et la route comme contraintes.”

Ou quand l’éloignement rime avec perte de temps et d’argent.